18 octobre 2006

1977


Aujourd'hui, il est vrai que rock et électronique est une recette souvent utilisée, pour le pire comme pour le meilleur, mais en 1977, le mélange n'était pas forcément de rigueur. Fin des 70's, donc, les boules à facettes irradient la terre entière, la musique électronique venue d'Allemagne fait résonner ses bleeps quand le rock progressif commence à piquer du nez alors que le punk pointe le sien. Une fois de plus David Bowie en qualité de grand synthétiseur se retrouve au carrefour de ses courants, pour fabriquer une master piece au son novateur. Brian Eno engage la collaboration, le bidouilleur sonore fort de quelques années d'expérimentations personnelles participera à l'accouchement d'une pop résolument moderne à l'époque.
Cette année là, donc, "Low" n'est pas vraiment une oeuvre commerciale mais l'album a pourtant l'effet d'une petite bombe dans l'industrie musicale. D'ailleurs les responsables de RCA en recevant les bandes ont d'abord cru à une plaisanterie de la part du Thin White Duke : une moitié instrumentale et l'autre composée de chansons étranges explosant toutes les structures classiques de composition. Après sa période Soul aux USA, Bowie tente à tout prix d'échapper aux lignes de coke et à ses lubies de rock-star, il commençait à développer une certaine fascination pour Hitler, et c'est par l'expérimentation qu'il y arrivera! Il retourne en Europe, à l'époque berceau de toutes les innovations (Neu!, Kraftwerk...), et s'entoure de l'alchimiste du son Brian Eno, de son fidèle producteur Tony Visconti et de sa rythmique black (Carlos Alomar, Dennis Davis et George Murray). Amateur de différentes méthodes de création (durant la période de Ziggy il compose ses textes avec des phrases qu'il découpe dans le papier pour mieux les manipuler), il se réjouit des stratégies obliques d'Eno qui donne des directives aléatoirement aux musiciens à l'aide de jeux de cartes. De cette immense laboratoire au château d'Herouville il érige une pop urbaine et pluraliste, très attachante fusionnant la froideur du krautrock et la chaleur du funk, la musique à l'image du film dont la pochette est tirée ("L'homme qui venait d'ailleurs" de Nicolas Roeg. 1976) : extra-terrestre, et qui posera les bases pour toute une nouvelle vague d'artistes new wave?

2 commentaires:

fzappaface a dit…

Superbe chronique pour un superbe album qui , il est vrai , n'est pas accessible à tout le monde. Bien loin des tubes confectionnés apparavant par ce schizophrène talentueux.

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord M. Kali Une bien bonne rubrique sur un artiste qui devrait figurer une bonne dizaine de fois sur ce blog ! Je dois avouer tout de meme que je n'arrive pas à écouter cet album tellement la prod m'indispose . les batteries par exemple ... Et moi j'aime la voix de bowie et dans cet album elle se fait plutot rare , du moins je trouve . Par contre , un titre dans cet album est certainement , a mon gout , un des meilleurs de Bowie " always crashing in the same car " . Merci Mr. de Montceau pour cette ptite chronique bien sentie .