14 octobre 2006

Le Cochon dans la Ville


Babe 2 : Le cochon dans la ville.

Les films ayant pour héros des animaux ne font pas (ou plus) fureur aujourd'hui auprès d'un public adulte. Mièvre, rose bonbon, sucré. Autant d'adjectifs utilisés pour éviter d'explorer ce genre. Compréhensible vu le nombre de nanars le pontuant . Et pourtant. Babe 2 fait exception à la règle. J'en entends déja certain dire "Hin hin!! , le COCHON dans la ville". Tant pis pour vous.
Pourquoi un 2e épisode ? Le premier a été un succès triomphale. Le second ? Un bide noir pour Universal. Explications. Georges Miller, son réalisateur (producteur du premier opus) est connu par le grand public pour sa trilogie MadMax. Le reste de ses oeuvres n'a jamais été vraiment suivi. Une tentative a été faite en 1987 avec les Sorcieres d'Eastweek en mettant en scène un Jack Nicholson diabolique face à Cher , Susan Sarandon et Michelle Pfeiffer. Sans grand succès. Porté par le triomphe du premier Babe, Miller décide donc des commandes du second. Il en ressort une oeuvre mélancolique, poétique sur la noirceur de l'homme. Histoire : le cochon est devenu berger. A mi-chemin d'un concours pouvant sauver la ferme de la misère, celui-ci se retrouve seul dans la ville. Tout le film pourrait etre dirigé par Tex Avery pour la mise en scène, Caro et Jeunet pour l'esthétique, Tim Burton pour la fable noire. Après la campagne gentille et douceâtre du premier volet , celui ci dépeint la ville et ses travers. Noir. Les personnages sont seuls.. chats, chiens, souris , singes. Seuls. Tous se battent pour la survie, la proprieté, le droit à la différence. Pamphlet féroce d'une société pas si éloignée. Le génie de Miller a été d'humaniser ses animaux , d'attribuer des caractères spécifiques à chacun. Toute l'émotion est portée par eux avec une réussite exemplaire. Chaque personnage est une partie de vous, de nous. Impossible de ne pas verser une larme. Le film est intemporel et marie aussi bien voitures façon années 50 , boeing 747 , Big ben et la Tour Eiffel dans le même decors. Un concentré de ville indéfinissable . La musique souligne l'émotion sans jamais en appuyer les effets. Les souris chantent Edith Piaff, les chats se regroupent pour interpreter un opéra... Magnifique.
Le film a été vendu comme un film pour enfants. Optimiste. Le film l'est beaucoup moins . D'où l'échec retentissant. Il en reste un film splendide, amusant parfois, mais nous mettant face aux dures realités de la vie.

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