25 octobre 2006

Splendeur Américaine


L'usage voudrait que l'aprenti chroniqueur fasse sa critique du sujet à chaud. Pourtant ça fait bien deux semaine que cette splendeur de film à défilé sous mes yeux humides d'émotions mais il restera à vie dans un recoin bien chargé de mon cervelet encore fumant. Une pure merveille du cinéma contemporain, avec l'ingéniosité toute innocente du premier film de deux réalisateurs déjà connus pour des docs, nommés Shari Springer Berman et Robert Pulcini. Le duo nous livre un long métrage tiré de faits réels. L'idée directrice était de faire un film sur les bandes dessinées autobiographiques d'Harvey Pekar. Celui ci s'est vu dessiné sa vie sous le crayon habile de Crumb. Il travaille comme archiviste dans un hopital, sa femme le quitte, il perd l'usage de sa voix, bref sa nouvelle vie de merde débute! Il rencontre Crumb qui lui donne envie de faire de la BD. Le bougre se rend à l'évidence: IL EST NUL! Cependant les histoires qu'il raconte, sa vie minable, semble interesser le dessinateur qui accepte d'illustrer ses tranches de vie. Domicilié à Cleveland, Harvey Pekar, intello prolétaire (il collectionne les 78 tours de jazz) souffrant de troubles obsessionnels compulsifs devient la nouvelle coqueluche du public américain lorsqu'il passe faire son numéro de l'homme ultra ordinaire chez David Letterman (Late night). Un délice de cynisme et de mauvaise lune pour Paul Glamatti qui campe formidablement bien le scénariste gras du bide.
Bref, American Splendor est une comédie réaliste, un drame familiale, une romance contrariée, un semi documentaire illustré (le vrai Pekar intervient dans le film, sorte d' habile mise en abîme de la part des réalisateurs). Le héros n'est jamais idéalisé mais plutôt dépeind (et apparement c'est la réalité) comme un homme brouillon et grognon qui déteste tout. American Splendor est un puzzle drôlatique de petits riens qui forment un grand tout cohérent et émouvant. L'humanité troublante de l'anti-héros provoquera larmes et fous rires. A vos vidéo-club cher lecteurs et chers collaborateurs! Très gros film sur l'ambigüité de la jubilation et de la douleur qu'engendre bien souvent un processus créatif.

1 commentaire:

Mr Choubi a dit…

Cool. Mr Kali m'en avait parlé. Ca a l'air très bien, en tout cas.