Influence Part 3

Part3. Plus qu'une influence entre deux films, je voudrais attirer votre attention sur une oeuvre particulièrement méconnue. Soy Cuba de Mikhaïl Kalatosov. Tourné en 1964 et interdit à la diffusion, ce film ne verra le jour sur les écrans qu'en 1992 sous la pression de Martin Scorsese et Francis Ford Coppola. Il dépeint, à travers 4 histoires, Cuba et la montée de la révolution Castriste. Formellement, le film explose toutes les conventions et surpasse tout ce qui a été fait .

Tourné en 16mm, il est entièrement constitué de plans séquences à faire jalouser n'importe quel cineaste car techniquement impressionant. On se souvient, en guise d'introduction, du plan séquence hallucinant de Snake Eyes de Brian De Palma. Petit joueur. Soy Cuba va bien plus loin. Chaque scène possède son lot de virtuosité , de prouesses techniques et peut se voir aussi comme le meilleur book qu'un photographe puisse créer. Magnifique. Ciel, palmiers, ville, bar, cubains, dans noir et blanc sublimé. Le film, quasi muet, se repose sur le jeu subtil des acteurs où chaque regard et expression suffit. A noter , la présence de Jean Bouise en début de film . Bref, dans la scène que nous allons voir, les américains se détentent à l'hotel Tropicana. La caméra se situe en haut de l'hotel , sur la terrasse, descend au niveau de la piscine puis accompagne une femme s'y baigner. Un tel plan n'était pas si courant à l'époque. Pour le constituer, le chef opérateur a intégré un électro aimant sur sa caméra afin de l'accrocher au cable qui descend au pied de la piscine. Aucune présence humaine. Très novateur. Si aujourd'hui, à l'ère du numérique , tout est possible et imaginable, en 1964 , un tel plan était habituellement inconcevable. Je ne peux donc que vous conseiller de jeter votre curiosité sur cette relecture de la grammaire cinématographique. Bravo maestro.

En 1997, Paul Thomas Anderson, réalisateur de Boogie Nights, a compris la leçon et lui rend hommage à travers la scène dites " de la piscine ". Voila. Bonne découverte.