29 novembre 2006

le clochard céleste


La folie, l'engagement absurde et le génie. Sébastien Tellier, 31 ans, a les yeux bleus comme les mots de Christophe. Un successeur digne de Robert Wyatt (en mieux...), ou Franck Zappa pour l'amour de l'absurde et de l'incongru. Tellier Wyatt et Zappa. Trois artistes à barbes et idées longues. En 2001, il sort "L'Incroyable Vérité" (superbe titre pour un 1er album), je m' évertue à le faire écouter à tous les pélerins qui croisent ma route, et aucun restent indifférent. Je le savais! J'ai le boulot d'un artiste "incroyable" entre les mains"! Je ne cesse de me l'injecter dans les oreilles. Mon cervelet ne l'oubliera plus comme la marque indélébile d'un fer rouge. Cette délicieuse "Black douleur" (un titre de l'album) ironise à souhait mes fantasmes de création musicale. Merci Sébastien! Je vais chanter mon mal la bave aux lèvres avec le sourrire niais du médiocre béat.

Bref, le petit protégé de Air à des relans d'Atom Heart Mother après avoir bû son Gainsbourg. Il signe chez Source. Il enregistre ses tracks en une semaine d'après une démo bricolée dans son appart' parisien crasseux. Il a les boules de faire écouter sa "merde". Il pense une Soeur Sourire et à sa Dominique qui sort un skeud, obtient du succès, quitte les ordres, son 2e disque est un gros bide et elle se suicide. Entre deux nuits blanches passées sur sa playstation (lui-même le dit) il délaisse son addiction électronique, affronte ses angoisses de futur artiste (déjà à maturité) et se lance dans la musique! Et la musique le Tellier est né dedans: « J’ai passé mon enfance à Pontoise, en banlieue parisienne. Avant de se lancer dans l’événementiel, mon père était guitariste rythmique pour Magma, ma mère, elle est instit et catho, elle participe à des messes. J’ai grandi dans un milieu de babas de droite avec une chaîne Bang & Olufsen et plein de disques des Floyd et de King Crimson. A 10 ans, ils m’ont mis dans une école de jésuites, j’ai réussi à en sortir à 17 sans me faire violer. En revanche, j’y ai appris à saigner des porcs au couteau. En fait, j’ai jamais vu mon père à poil… »

Le voilà donc signé...il passe ensuite chez Record Makers un label monté par Air (encore eux!), il part alors avec ses derniers en tournée mondiale et assure leur première partie. Sa nouvelle vie est à la hauteur de ses fantasmes décadents de rockstar: "La tournée US avec eux était délirante. Ils étaient bien tranquilles dans leur bus, tandis que je vivais le Viêt-nam dans celui des techniciens. Les roadies, ils connaissaient évidemment tous les bons plans came de chaque date. Le perdiem (l’argent de poche donné pendant les tournées, NDLR) passait donc dans la défonce. On est devenus barjots dans ce bus. J’ai assisté à des scènes de cul avec des groupies, littéralement vitrifié, juste capable de marmonner : “Porcs, porcs, porcs…” Ces mecs, c’étaient des fous, ils ont même tenté de tuer la tourneuse avec une fourchette… Le retour à Paris a été rude : quatre mois enfermé chez moi en pyjama, à négocier la descente ! »
Voilà pour le sexe et la drogue. Restait à découvrir que derrière le musicien fantasque se dissimule un acteur génial. Les privilégiés qui ont pu voir Non film de Quentin Dupieux (alias Mr Oizo, déjà mixeur de l’Incroyable Vérité et réalisateur du clip Oh malheur chez O’Malley) vous le diront : Sebastien Tellier est le secret le mieux gardé du cinéma français. Croisement improbable entre Pierre Richard et Jean-Pierre Léaud, il incarne un acteur maladroit qui décime accidentellement à la mitraillette l’essentiel d’une équipe de tournage. Obsédé par son désir de devenir une star, il continue le tournage avec les rescapés, mais sans caméra. Pure déclaration de haine envers le cinéma, ce western nihiliste, mélange de The Shooting de Monte Hellman et de The Last Movie de Dennis Hopper. Il sort en septembre 2004.

Bon...après multiples expériences, il se retrouve sur la B.O. de Lost in Translation de Sofia Coppola et attaque "Politics" son second album. C'est la consécration! Surtout aux UK. Il se lance ensuite dans "Sessions" un trip égocentique du "qu'est-ce que je peux faire? Je sais pas quoi faire..." ou il reprend ses propres morceaux versions accoustiques. Sur cet album figure également "La Dolce Vita" sublime reprise de Christophe ou il cherche son rapport avec la scène française actuel: « Benjamin Biolay, je savais déjà le faire à 14 ans ! C’est un opportuniste, ses sous-pulls me font gerber, c’est comme Karen Ann, juste une pauvre imitation de l’art. Je veux surtout pas passer pour Bénabar. Ça fait un an que je suis sur ma Playstation à bouffer des McDo et je suis aussi français que Benabar qui passe sa vie à chiner dans les brocantes… »

Sébastien Tellier est un extra-terrestre, un grand mélomane complètement guedin. Son avenir artistique est tout tracé, et n'en déplaise à Mr Cool qui pense que celui-ci va "craquer", je pense que nous avons là un artiste incroyable et pour ma part incontournable! Alors amis choubidoubistes portez une esgourde attentive à son travail, c'est du nectar venu d'ailleurs.

« L’idéal, c’est Miles Davis, un mec trop bien sapé qui sait ce qu’une note veut dire. C’est mon rêve une carrière comme la sienne. Avoir un vrai feeling de la vie comme Patrick Dewaere. Créer un nouveau pays comme Fela. Oui, je voudrais être le gourou d’une secte dans un château en Autriche ! » Ailleurs, je vous dit, ailleurs...

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu es le triste génie de ta solitude Sébastien. Le choubidoubien moyen se moque de ton talent et c'est grâve...Moi je t'aime sombre con.

Anonyme a dit…

qui c'est ce bug? il est un peu con, non?

Mr Choubi a dit…

quesse qui se passe, ça chicane?
Bon, sinon, superbe Tellier. le forestier sous acide au niveau du look. En tout cas, il est presque au niveau des très grands.

fzappaface a dit…

oula ca gueule !

Mr Choubi a dit…

beau clip, mais la version originale de "la ritournelle" est quand même mieux

Manuel a dit…

Pas une note à jeter dans ce morceau , c'en est terrifiant même . Sur certain morceau , on peut se dire , tiens la les cordes c'était pas obligé ou cette note sonne pas bien , cette cymbale est merdeuse , le refrain sent la puree ... non ... rien ... meme pas le titre . C'est a cause de cons pareils que j'arrive pas à rallumer Cubase . Bref , allez je vais vider une chopine.
Merci mr dub.

Anonyme a dit…

El parasito is dead...

Anonyme a dit…

Non El parasito est à Tours.

Mlle Caleuleu a dit…

moi, je sais où il est el parasito, je crois qu'on l'a tué en le démasquant !
toute nos condoléances el parasito!