08 décembre 2006

McEnroe, mon ami, mon frère



Héros comme McEnroe



Etre excentrique est un art de plaire. Naître excentrique, c’est s’engager dans un combat sans merci contre le reste du monde. John McEnroe n’a jamais cherché à séduire qui que ce soit. Mais il plaît parce qu’il se bat contre toutes sortes de fantômes, de monstres et de vampires qui bafouent son idéal. On n’aime que le vrai, le beau, l’idée. Alors forcément, on souffre.

Depuis sa naissance, le 16 février 1959 à Wiesbaden (Allemagne), où son père était militaire dans l’armée de l’air, John McEnroe Junior, l’aîné de trois garçons, n’a jamais compris comment on pouvait, si l’on était doté d’une intelligence et d’une sensibilité normales, intégrer le mot concession dans son vocabulaire.

Du temps où l’on était prince à Wimbledon, on était seul capable de plaindre sincèrement lady Diana pour toutes les contraintes auxquelles elle devait se plier au nom de la bienséance, et de renoncer à participer au Grand Bal du Tournoi parce que le maître de cérémonie nous imposait une heure de rendez-vous qui ne nous convenait pas. On ne se plie à l’autorité que si l’on respecte celui qui l’exerce. Pour McEnroe, le pire des supplices aurait été d’avoir à se comporter autrement que naturellement.
C’est ainsi, par ce trait de caractère inflexible, qu’on devint un champion de tennis révolté et révoltant, puis une sorte de légende vivante dans un milieu qu’on ne put se résoudre à quitter.

Son job de commentateur sur CBS l’oblige à troquer ses vieux survêts d’étudiant de Stanford bleu marine contre un costume noir élimé emprunté peut-être à l’accessoiriste des Blues Brothers, mais il lui apporte ce qu’il aime : l’unanimité sur ses qualités d’observateur, un sésame pour les vestiaires, les players lounges qui frémissent sur son passage, et quelques billets verts superflus qu’il s’empresse de refiler à sa vieille copine, l’ancienne championne Andrea Jaeger, directrice d’un centre pour enfants atteints du cancer.
Côté cœur, il réapprend l’amour avec Patty Smyth*, qui ne remplacera jamais l’actrice Tatum O’Neil.

Propriétaire d’une galerie d’art à Manhattan (où il expose Basquiat), toujours à la recherche de jeunes talents à faire connaître, il se rêve chanteur de rock. Après dix ans de radio-crochet de luxe dans tous les Hard Rock Café de la planète, il découvre qu’il ne sert à rien de s’égosiller pour chanter. Qu’il suffit de laisser monter le son de l’intérieur. Comme un cri. Et que parfois ce cri n’est rien d’autre que l’écho désespéré d’une douleur insondable.

* ex-chanteuse du groupe Scandal.

2 commentaires:

Mr Choubi a dit…

superbe, mr cool.
Belle bio.

fzappaface a dit…

Oui , très belle bio. Etant totalement inculte dans le milieu sportif , me voila moins ignorant! Encore !