Générique # 2

Saul Bass (part. 1)
Amis Choubidoubiots, attaquons sans plus attendre ce deuxième rendez-vous des "Générique" avec un premier volet sur le maitre du genre, que j'ai découvert depuis peu, m'apercevant qu'il était l'auteur de nombreux géneriques que je tenais pour fameux, j'ai nommé Saul Bass.
New-yorkais né en 1920, il étudia très tôt les arts graphiques, s'influençant notamment du construtivisme russe et du Bauhaus. Il déménage en 1946 pour Los Angeles et s'établit en tant que graphiste publicitaire. Il y rencontre Otto Preminger. Il réalise pour ce dernier une affiche de film, rompant avec ce qui se faisait à l'époque, soit reprendre des visuels du films (photos d'acteurs etc), pour s'orienter vers un seul symbole graphique, en l'occurence une rose. Preminger est séduit. Bass réalise ainsi le générique de "L'Homme au Bras d'Or" (1955), celui qui le fera connaitre, ou il conçoit un visuel révolutionnaire pour l'époque. Il imagine des lignes et un bras (qu'on voit à la fin de la séquence) symbolisant le batteur et le joueur de poker qu'interprète Sinatra, ainsi que son addicction à l'héroine. L'impact est tel qu'il sera repris seul sur l'affiche, délaissant la star Sinatra. Bass vient de réinventer le genre.
Pour la petite histoire, une note accompagnant les bobines du film de Preminger indiqua aux projectionnistes d'ouvrir le rideau avant le générique. En effet, auparavant les spectateurs ne découvraient l'écran qu'une fois le générique terminé, jugeant la liste des participants aux film ennuyeuse.
Captant à chaque fois le détail qui résume un film, Bass le retranscrit de manière très graphique, alliant lignes, formes découpées et typographie brisée, pour ainsi proposer de vrais court-métrages, préparant le spectateur au film à venir. Un véritable prologue.
Toujours avec Preminger (ils travailleront ensemble sur onze films), il réalise le générique d'ouverture pour "Autopsie d'un Meurtre" (1959), dans lequel apparait un corps disloqué, accompagné par la musique de Duke Ellington (composée à la demande de Bass) traduisant parfaitement l'ambiance du film (que je vous conseille d'ailleurs), se reformant un en puzzle mystérieux.
En grand créatif, Saul Bass maitrisait également les séquences animées, les prises de vues directes et l'ornementation des textes, notamment lors des fructueuses collaborations qu'il aura avec Hitchcock et Scorsese.
à suivre...

Saul Bass - "The Man With Golden Arm" (Otto Preminger - 1955)


Saul Bass - "Anatomy of a Murder" (Otto Preminger - 1959)