18 septembre 2007

de l'art et du cochon

L’heure cognait dans la région des tempes, (un rythme sournois impressionnait mon engagement), et je fus à ce point obligé de me lever et de m’éveiller complètement que c’était la seule action qui me laisserait suffisamment de temps pour la légitimer. Ça faisait déjà trois nuits en moins d’une semaine que le contrôle de mon sommeil échappât à tout pouvoir. Je ne dormais donc plus et l’attention que je portai à l’instant sur ce fait, prouve de lui-même et à sa juste manière que je ne vous mens point…


A huit heures moins le quart je m’installai à la table de la cuisine. J’avais dans l’idée de déjeuner américain où je ne sais quoi, un petit déjeuner frugal et viandard, je vous explique ce que je fais : je me lève d’abord de la chaise, je saisis une poêle pas très nette que je passe sous l’eau rapidement et dont je frotte le fond avec une éponge en lambeaux, bref bref, je fais fondre une once de beurre dans cette poêle puis j’y dépose le lard. J’attends deux minutes. Dehors on avait élevé une grue vraiment haute. Je ne sais pas bien ce qu’on s’apprêtait à bâtir, peut-être une énième résidence pour les étudiants de première année, fraîchement arrivés de leur campagne et que la ville dégrossirait en un rien de temps, c’était d’ailleurs son rôle à cette pute : dévergonder les paysans.

Le lard était parfaitement cuit ; alors je versai dans ma poêle trois oeufs jaune et blanc ; le tout s’appellerait : trois oeufs au plat lardés...
Pendant la cuisson de ma cuisine, j’épluchai une banane encore verte et la dévorai en vingt secondes, si vingt secondes n’est pas trop long quand on s’efforce de dévorer quoi, et puis j’attaquai la poêle…

Un matin ordinaire ouvrait ses cuisses grasses devant les yeux mi-clos. Ce que je ne pouvais pas me reprocher aujourd’hui comme hier, je le reporterais tôt ou tard à la face de cet ordinaire sordide et glauque des écrivains américains, et je mâchai le dernier bout de fromage qui moisissait dans le réfrigérateur. Du camembert. C’est à cet instant que je conçus la continuation inéluctable du temps : j’observai qu’on avait changé de mois en visant la date limite de conservation de mon fromage. Je dois vous dire que je ne possède ni montre ni réveil ni aucun engin de construction chronologique. Je n’achète plus les journaux et ne suis abonné à rien. Pas de télévision... pas de radio… Alors que me reste-t-il de mesure du temps ? je vous le donne en mille : les dates-limite de conservation alimentaire...

Vous y croyez vraiment ? Je pose la question en finissant un reste de lard grillé, vous y croyez vraiment ?

Quelle connerie ! eh non, je ne suis comme ça, j’ai bien un réveil et une télé, putain de merde, je possède aussi un téléphone portable et j’achète régulièrement Libération ou Témoignage Chrétien, alors quoi ? que se passe-t-il ? Suis en train de produire devant vous pour vous un numéro d’illusionniste ? Pfou... gros soupirs ! des pfous... en veux-tu en voilà ! des putains de pfous... à plus savoir qu’en pfoutre ! je suis un menteur et toute ma vie est un mensonge, pas douloureux, juste un énorme mensonge… et dans quel but ? celui de susciter quelque émotion littéraire ? non, ne soyez pas ridicule ! l’émotion… QUELLE BLAGUE!!

3 commentaires:

Manuel a dit…

Aie ! Ca sent le surmenage , Mr Cool ...
Je devine qu'après avoir goulument leché les jolies petites chaussures à talons compensés de notre président , vous devez trouver la rentrée sociale un peu amère ... au point de vous mettre le nez (et le notre aussi ) tout contre vos (nos) contradictions ?
Mefiez-vous , Mr Cool , vous travaillez trop !
Cela dit , j'ai trouvé le style et le ton fort agreable , a votre habitude ! z'auriez du enseigner la philo , je crois.

Mr Choubi a dit…

Super Mr Cool!
Ma foi, l'imagination est toujours plus vraie que la réalité. Alors le mensonge.....

Anonyme a dit…

e motion...