Critique et contradiction

Je tiens ici à faire une brève mise au point de ce que nous entendons par critique et contradiction, deux termes employés quelque peu légèrement (surtout dans le but de blâmer).

Dans l’histoire de la philosophie, la contradiction est considérée comme une catégorie à part entière. Une catégorie est un mot qui renvoie à un concept opératoire (permettant d’articuler une pensée). Bref, passons au-dessus des têtes de Platon et d’Aristote, de Lucrèce et de Pascal, pour arriver directement à Hegel (XIXe siècle). En effet, la contradiction prend un relief nouveau avec l’émergence de ce qu’on appelle l’idéalisme hégélien. Elle y occupe même une place centrale, puisqu’elle permet simultanément la critique et le dépassement par la Raison de toute logique d’entendement.
La logique (depuis Aristote) se représente en effet la contradiction comme non-être ou néant. En d’autres termes, ce qui se contredit n’est rien, et rien n’est de ce qui se contredit. La culture classique entendra bien tout cela, ne se permettant pas de renverser les valeurs qui font son socle. Puis vient Hegel, et la dialectique de la contradiction : deux opposés sont alors complémentaires l’un de l’autre, et l’existence de l’un implique (et est impliqué par) l’existence de l’autre. C’est ce qu’on nomme la dialectique hégélienne, un rapport d’opposition-inclusion, mobilisant les catégories d’identité des contraires, de négation de la négation, etc.

Lénine : « La dialectique est l’étude de la contradiction dans l’essence même des objets. » et encore : « Antagonisme et contradiction ne sont pas du tout une seule et même chose. Sous le socialisme le premier disparaîtra, la seconde subsistera. »

Grrüt!