Voodoo Funk
Dans les années 60 et 70, des groupes obscurs et inconnus, auteurs de titres funky à souhait, véritable bombes dansantes, remplissant les compilations du style, il y en a moults. Mais des groupes, pratiquement inconnu du grand public, devenus cultes, capables en à peine dix ans de sortir six albums bourrés, engoncés de tubes énormes au groove syncopé, torride et tranchant, inventant presque le genre, mixant rock, jazz , rythm'n'blues et style caraibéen propre à leur ville, il y en a qu'un, les Meters.
Nouvelle-Orléans, Art Neville, jeune pianiste, écume plusieurs formations de rythm'n'blues durant les années 50 jusqu'à ce qu'il décide à 30 ans, en 67, de monter son propre groupe, le Art Neville & The Neville Sound, avec ses frangins (Aaron et Cyril, les futurs Neville Brothers), le saxophoniste Gary brown et trois musiciens recrutés dans les clubs de la région, c'est à dire Leo Nocentelli à la guitare, George Porter Jr à la basse et Zigaboo Modeliste à la batterie, expert du second line drumming, tradition locale consistant à jouer très syncopé autour du temps. Art, lui s'est décidé de se mettre à l'orgue.
Un club de la ville, l'Ivanhoe, leur propose de jouer six soirs par semaine, mais malheureusement, ils ne peuvent être que quatres musiciens, la scène étant trop petite. Aaron, Cyril et Gary Brown descendent en marche, l'aventure continuera sans eux. A quatres, compacts, ils enflamment le club, jouant un funk virevoltant, technique comme du jazz, mais jouissif comme du rock. Tellement bons, qu'ils sont menacés de mort par la concurence, retrouvant des balles avec leurs noms gravés dessus. Ils sont rapidemant signés, pour devenir le groupe de studio du label Sansu. Ils s'appelleront dorénavant les Meters, en réference à leur talent pour jongler avec les temps et la mesure.
Parralèlement, ils sortent en 69 leur premier album chez Josie Records, suivi de deux autres en 70, tout trois instrumentaux. Courts, concis et funky.
Malheureusement, ils auront un succès purement confidentiel, et à l'orée des 70's, le groupe signe chez Warner, abordant les compositions différement. Moins issus de jams les titres sont presques tous chantés, les morceaux sont plus longs, le groove plus complexe. Ainsi en 72 parait "Cabbage Alley". Suite à cet album, ils accompagneront Dr John sur deux albums, experience qu'ils reitereront plusieurs fois, notamment avec Joe Cooker, Paul simon ou Paul McCartney. Ce dernier les invitera même à jouer pour l'avant première de son nouvel album, "Vénus & Mars", fête grandiose sur paquebot, mélangeant le gratin du showbizz musical et cinématographique. L'assemblée finira sur le popotin, impressionée par leur set épiliptique. Le groupe n'a alors aucune concurrence : personne n'est capable de jouer comme eux.
Arrive "Rejuvenation"(73), certainement leur meilleur album. Mais le succès est toujours absent, inexplicablement. Et ce qui aurait pu être une aubaine sera le début de la fin. En 75, ils partent faire la premiere partie des Rolling Stones, Richards les considérant comme le meilleur groupe du moment. Art rappelle Cyril pour tenir le chant et les percus, sortant dans la foulée leur opus le plus rock, aux riffs diaboliques, "Fire on the Bayou". Mais l'arrivée du frangin provoque des tensions, la tournée est éreintante, leur musique s'adaptant mal aux stades, et surtout au contact de Jagger et sa bande, le groupe s'acclimate aux substances opiacées (George Porter Jr mettra ainsi des années à revenir de la dope).
Le succès toujours absent et le changement de mode avec l'arrivée du disco mettront un terme à l'histoire du groupe qui sortira tout de même deux albums jusqu'en 77.
Art rejoint ces frères pour monter les Nevilles Brothers, et avec eux enfin, connaitra la gloire.
Modeliste, lui, mettra à jour les comptes du groupe fin 80's et attaquera leurs anciens managers, récuperant ainsi les droits des trois premiers albums, ce qui s'averera judicieux puisque durant toutes les 90's, le groupe se fera copieusement samplés par les hip-hopeux (Public Enemy, NWA, KRS One etc...).
Reconnus enfin tardivement par les amateurs à la fois de rock, de jazz et de soul, leur musique à l'étonnante fraicheur a parcouru le temps pour devenir la valeur étalon en matière de funk.
The Meters - "Look-Ka Py Py/Jungle Man" (1975)
7 commentaires:
Mr Kaplan:Aaaaahhhh,c'est donc eux les "meters"...ok ok,je connaissais le nom..ca trainait dans un coin de ma tête,un coin bien isolé...Je ne pensais pas que c'etait ca.Bah putain,sacré parcours!Et bon groove!Merci mr Choubi!
meters, excellents, pochettes d'enfer (72, vert-blanc, parodiant Jeff Beck, la classe)
tout ça pour dire, bien vu choubi
meters, très bons, musiciend pop, alors bien sûr, groove, reggae etc;
mais avant tout POP ( leur premiers albums on dirait the pretty things)
La pochette dont vous parlez Mr Cool, c'est le "Cabbage Alley", de 73, ou effectivement à la place de la pomme verte de Beck, ils ont mi un chou.
Sinon, pop, pourquoi pas, mais c'est vrai que le premier est plus rythm'n'blues que funk, donc oui, les Pretty Things sont pas loin, mais avec une basse bien plus ronde et plus de syncope. Ca aurait été pas mal les Pretty Things syncopés!
c vrai,tres bon groupe c meters!
ah mr choubi ecoutez donc le dernier Jimi Tenor( mari de nicole willis) c une pure merveille.du groove du groove du groove.
hutchinson
hehehehehe c'est vrai qu'il y a tout ce qu'il faut la dedans. Un peu d'orgue ou il faut, un peu de wah wah, un rythme syncopé... Mais comme vous le faisiez remarquer Mr Choubi, il existe une tripotée de groupes dans ce style, difficile de differencier ce groupe d'un autre de la même époque mais c'est le genre qui veut ca j'ai l'impression. Cela dit ca balance grave.
sauf que eux groupe culte et six albums énormes!
Certes gros groupe, c'est indeniable mais j'ai tout de meme une petite preference pour les rythmes syncopés d'Herbie Hancock.
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